26 Avril 2016
Le nom de Tchernobyl restera pour toujours lié au risque nucléaire. Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de cette centrale ukrainienne éclatait. Il ne s’agissait pas d’une explosion nucléaire proprement dite, mais elle va projeter dans l’atmosphère plusieurs tonnes d’uranium. Un nuage radioactif se formera au-dessus de la centrale puis se répandra sur l’Europe entière. C’est le plus grave accident nucléaire de l’histoire.
Le 26 avril 1986, les ingénieurs de la centrale de Tchernobyl se livrent à un test de sécurité sur le réacteur numéro 4. L‘expérience tourne mal. Le réacteur échappe à tout contrôle et explose. Une immense colonne de poussière radioactive est projetée vers le ciel. Dans les années 80, l’Ukraine fait partie de l’Union soviétique. Fidèle à sa doctrine du secret, le gouvernement de Moscou va d’abord essayer de dissimuler la catastrophe, mais il n’y parviendra pas bien longtemps.
L’alarme suédoise
Le 28 avril, le système de détection de la radioactivité de la centrale de Forsmark se déclenche. Les employés de la centrale ne comprennent pas ce qui se passe. Ils ne trouvent aucune trace d’une quelconque fuite de matière nucléaire. Ils doivent se rendre à l’évidence : c’est l’air, c’est l’atmosphère qui est contaminé. C’est un nuage radioactif qui passe au-dessus de la centrale qui a déclenché l’alarme, et ce nuage vient de l’est, de la Russie Soviétique.
Les suédois donnent l’alerte dans l’ensemble de l’Europe occidentale. Les questions pleuvent dans les ambassades soviétiques. A Bruxelles, le porte-parole de la représentation russe Alexandre Alexeev affirme "que les niveaux de cette pollution radioactive sont légèrement supérieurs aux normes, mais que les autorités sont d’avis que la situation n’est pas alarmante, et qu’il n’est pas nécessaire de prendre des mesures particulières pour rassurer la population". Une déclaration hallucinante lorsque l’on connait l’impact de l’explosion 30 ans plus tard…
Encore des traces en Écosse et en Corse
L’Europe est, en fait, en train de vivre la pire catastrophe nucléaire de son histoire. L’explosion a provoqué la formation d’un immense nuage radioactif au-dessus de la centrale. En quelques jours, portés par les vents dominants, il survole l’ensemble de l’Europe : de l’Ukraine à l’Écosse, et de la Suède à l’Italie. Il contamine des zones entières, notamment lorsque ce nuage radioactif croise un nuage de pluie et que les gouttes projettent les particules radioactives en suspension dans l’air, jusqu’au sol. L’Ukraine et la Biélorussie sont les plus touchées, mais l’on retrouve encore des traces du passage de ce nuage dans les sous-sols de certains coins d’Ecosse et de Corse…
Au prix de leur vie
En Ukraine, c’est la panique. Personne ne sait comment faire face à la catastrophe. Dans un premier temps, les sauveteurs déployés sur place s’efforcent d’éteindre le combustible nucléaire qui se consume toujours, sous les décombres du réacteur, qui a explosé. On y projette du sable, puis du bore. Après dix jours d’efforts, l’incendie est maîtrisé. Mais les pilotes d’hélicoptère qui ont versé ces matières, à quelques dizaines de mètre du sol, pour éteindre le feu, le payeront de leur vie…
Les Soviétiques n’en ont pas pour autant fini avec Tchernobyl. Tout d’abord, il faut relancer la production d’électricité. Les trois autres réacteurs de la centrale sont intacts. Le pays manque de courant.
Mais avant de lancer le processus, il faut nettoyer le toit de ces trois réacteurs. Des débris radioactifs y ont été projetés par l’explosion. Il faut les évacuer. Des milliers de soldats venus des 4 coins de l’URSS, sont envoyés à Tchernobyl. On les revêt d’étranges combinaisons renforcées de plomb. Leur travail est simple : courir sur le toit, prendre une pelle, jeter quelques déchets puis retourner à l’intérieur du bâtiment. Ils ne peuvent agir que le temps de compter jusqu’à 50. Au-delà, la dose de radioactivité encaissée devient mortelle. De retour à l'intérieur du bâtiment, on leur remet un diplôme de héros de l'atome et un peu d'argent... Ils sont ensuite renvoyés dans leur caserne. On les surnommera "les liquidateurs"…
Une mort dans d'atroces souffrances
Leur destin est souvent tragique. Certains soldats, profondément irradiés, mourront en quelques jours dans d’atroces souffrances. Ils fondront littéralement à l’intérieur de leurs corps, un peu comme les parois d’une bougie qui s’effondre sous la chaleur d’une flamme, qui la consume de l’intérieur. D’autres survivront quelques mois ou quelques années, avant de succomber à l’un ou l’autre cancer, de la thyroïde ou des poumons notamment.
Les réacteurs nucléaires sur notre terre :