Soyez curieux..
2 Août 2016
Cette année, l’été est particulièrement chaud en Sibérie. Les températures moyennes avoisinent les 35 degrés - contre 17 habituellement à la même saison. Résultat, une couche de terre, le pergélisol, censé être gelé en permanence, est en train de dégeler. Les conséquences sont inquiétantes. Car en se réchauffant, la terre libère une bactérie destructrice, la Bacillius anthracis, autrement dit, l’anthrax, une infection aiguë qui touche aussi bien l’animal que l’homme - c'est aussi une arme bactériologique, qui a été particulièrement médiatisée après l'envoi d'enveloppes contaminées à deux sénateurs, ainsi qu'à des médias américains, une semaine après les attentats du 11 Septembre.
En Sibérie, au début du mois de juillet, ce sont d’abord neuf éleveurs nomades de la région peu peuplée de Iamalo-Nénétsie, à environ 2000 kilomètres au nord-est de Moscou, qui ont été contaminés par des bactéries provenant d’une carcasse de renne dégelée, jusque-là prise par les glaces depuis des dizaines d’années. En effet, les derniers cas d’anthrax dans la région remontaient à 75 ans. Dans le courant du mois, les contaminations ont augmenté. Les troupeaux de rennes de la région, qui compte 250 000 animaux, sont eux aussi lourdement touchés. Ainsi, depuis dix jours, au moins 2400 rennes ont été tués, un enfant est décédé et 72 personnes (dont 41 enfants) ont été hospitalisées, rapporte le Siberian Times. La région, dont la superficie fait plus d'une fois la taille de la France, a donc été placée en quarantaine par les autorités. Des militaires sont arrivés sur place pour décontaminer la zone et détruire les cadavres d’animaux contaminés.
En outre, comme l'explique cet article des Echos, avec le réchauffement climatique, ces sols éternellement gelés, qui s’étendent sur la zone arctique de l’Alaska aux confins orientaux de la Sibérie, libèrent des bactéries que les systèmes des êtres vivants n’ont pas ou plus l’habitude de combattre. Ainsi, un virus géant vieux de 30 000 ans, le mollivirus, a aussi été récemment découvert. Enfin, le dégel du permafrost engendre un second problème. En se réchauffant, les sols libèrent, en plus des bactéries, des quantités importantes de méthane et de CO2. A tel point que le pergélisol représente même «le plus gros réservoir continental de carbone, devant les réserves de combustible fossile que sont le pétrole, le gaz et le charbon»
Selon une publication du journal du CNRS. Un cocktail explosif : «Si la totalité du carbone contenu dans le pergélisol était transformée en dioxyde de carbone par les bactéries, la teneur en CO2 de l’atmosphère en serait triplée», estime, toujours dans le Journal du CNRS Florent Dominé, chercheur au laboratoire franco-canadien Takubik, spécialisé dans le permafrost.
Sébastien Leurquin
Source : Libération