Soyez curieux..
3 Septembre 2016
Simple malveillance? Nouvelle preuve d’une guerre économique impitoyable? La fuite de plus de 22.000 pages de documents sensibles sur le sous-marin français Scorpène vendu à l’Inde, dévoilée par le quotidien australien The Australian, tombe au plus mal pour le groupe naval français, sélectionné en avril par l’Australie pour un contrat de douze sous-marins estimé à 50 milliards de dollars. Le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian a dénoncé le 1er septembre "une action malveillante", assurant que "tous les moyens" étaient mis en œuvre pour élucider l’affaire.
Comment la France gère-t-elle la protection des informations sensibles de ses champions industriels? Force est de constater que cette responsabilité est sacrément diluée. La DGSI, le renseignement intérieur, dispose d’une structure dédiée, baptisée sous-direction K. La DGSE dispose aussi d’un service de sécurité économique, rattaché à la direction du renseignement, évoqué pour la première fois dans l’arrêté du 10 mars 2015 sur l’organisation de la "Boîte". "Mais la priorité absolue donnée à la lutte antiterroriste réduit les moyens en hommes et en argent pour ces structures", souligne Alain Juillet, ancien directeur du renseignement de la DGSE et président du Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE).
Il faut également compter avec la DPSD (Direction de la protection et de la sécurité de la défense), le service de renseignement du ministère de la défense, qui est en charge de la contre-ingérence au sein des entreprises de défense. Ajoutons aussi la toute nouvelle DPID (Direction de la protection des installations de défense), qui revendique une mission de "protection du potentiel technique et scientifique de la nation". Point final? Que nenni. La Direction générale de l’armement (DGA) est aussi impliquée: elle scrute 1.100 sociétés françaises aux compétences jugées critiques, et donne son avis sur la "divulgabilité" des brevets jugés stratégiques. Le Secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale (SGDSN), rattaché à Matignon, est aussi associé à la question.
La coordination de tout ce petit monde est, du moins en théorie, confiée au tout nouveau Service de l’information stratégique et de la sécurité économique (SISSE). Cette structure, dirigée par l’ancien patron de Tracfin Jean-Baptiste Carpentier, rassemble depuis février deux directions qui se faisaient jusqu’alors concurrence: la délégation interministérielle à l’intelligence économique (D2IE), qui dépendait de Matignon ; et le service ministériel de coordination à l’intelligence économique (SCIE), rattaché à Bercy.
Source : Chaallenges