Après Daphne Caruana Galizia en octobre dernier, il s’agit du deuxième meurtre d’un journaliste dans un pays de l’UE en l’espace de quatre mois. Comme la blogueuse maltaise, qui avait mis en ligne un article sur une affaire de corruption impliquant un politicien, Jan Kuciak, qui travaillait pour le site Aktuality.sk, s’intéressait aux pratiques délictueuses de responsables politiques slovaques.
L’affaire fait les gros titres de tous les médias de Bratislava ce lundi, alors qu’il s’agit du premier crime de ce type dans l’histoire d’un pays qui figure à la 17e place du classement mondial de la liberté de la presse, selon Reporters sans frontières. Lundi après-midi encore, tous s’interrogeaient cependant sur les motifs de l’assassinat, d’une balle dans la poitrine, de Jan Kuciak.
Un État mafieux
“Le fait que notre collègue s’intéressait aux affaires de corruption dans les plus hautes sphères de l’État éveille en nous de sombres soupçons, explique néanmoins l’hebdomadaire Tyzden sur son site. Nous n’avons aucune confiance dans la direction de la police, et c’est la raison pour laquelle nous serons d’autant plus attentifs aux circonstances du crime et au déroulement de l’enquête. Nous n’en connaissons pas encore les motifs, il convient donc de ne pas nous précipiter. Toutefois, l’élucidation du meurtre d’un journaliste d’investigation doit constituer une priorité pour tous ceux qui tiennent à vivre dans une Slovaquie meilleure et plus juste.”
De son côté, le gouvernement slovaque a promis une récompense d’un million d’euros pour les informations qui permettront de retrouver le meurtrier en fuite. “S’il s’avérait que la mort d’un journaliste d’investigation est liée à son travail, il s’agirait d’une attaque sans précédent à la liberté de la presse et à la démocratie dans notre pays”, a indiqué Robert Fico dans un communiqué. Les responsables de l’opposition évoquent eux “un État mafieux” et rappellent les précédentes déclarations très critiques du Premier ministre à l’égard de journalistes, qu’il a autrefois qualifiés de “sales prostituées anti-slovaques”.