Le ton est à l’offensive depuis quelques jours dans la presse officielle chinoise, où les avertissements de fermeté vis-à-vis des protestataires de Hong Kong et des auteurs de violences qui troublent la Région administrative spéciale (RAS) depuis trois mois se multiplient. Des personnalités nommément citées sont présentées comme responsables de la situation et vilipendées, tandis que tout participant aux violences est averti d’une justice sans faiblesse.

Selon le webzine shanghaien Pengpai (The paper) un total de 1 117 personnes ont été interpellées au cours des manifestations depuis le mois de juin. Ce chiffre a été donné le 2 septembre lors d’une conférence de presse de la police de Hong Kong, au lendemain d’un nouveau week-end d’affrontements, durant lequel 159 personnes ont été arrêtées. Seize d’entre elles ont été inculpées de “participation à une émeute”, selon le site Hong Kong Free Press. Le porte-parole de la police a déclaré que Hong Kong avait “une nouvelle fois subi une catastrophe”. 

Grève des cours et rassemblements dans les facs

Des scènes d’une grande violence ont eu lieu dans tout le territoire, y compris dans le métro. Avant le week-end, les manifestations avaient été interdites et une dizaine de leaders démocrates interpellés avant d’être remis en liberté sous caution, rappelle le South China Morning Post. Samedi 31 août, des canons à eau projetant une teinture bleue ont été utilisés contre les manifestants lançant des cocktails Molotov. Le lendemain, les accès à l’aéroport ont été bloqués. 

Le quotidien anglophone souligne que ce lundi marque à la fois la rentrée scolaire à Hong Kong et le passage à une nouvelle étape du mouvement de contestation, avec un mot d’ordre de grève des cours. Des milliers d’étudiants se sont rassemblés à l’Université chinoise de Hong Kong en signe de soutien aux cinq revendications du mouvement de contestation, rapporte le South China Morning Post.

“L’État de droit et l’ordre social en danger”, selon Pékin

Pendant ce temps, à Pékin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Geng Shuang a déclaré que les événements à Hong Kong pouvaient désormais être qualifiés “d’actions violentes extrêmes mettant en grave danger l’État de droit et l’ordre social, menaçant la sécurité des personnes et des biens, et affectant sérieusement le principe ‘d’un pays, deux systèmes’”. Le site Zhongguo Xinwen Wang s’en fait l’écho et précise que Geng était interrogé lors d’une conférence de presse sur les inquiétudes exprimées précédemment par l’Union européenne à propos de la liberté de rassemblement à Hong Kong. Le porte-parole a ajouté :

Si de graves actes de violence et illégaux sont commis en Europe, je suis sûr que les pays européens ne restent pas assis à regarder sans rien faire.”

La veille, l’agence officielle Xinhua avait publié un commentaire virulent, annonçant  que “le jugement approche pour tous, qu’ils participent, fomentent, organisent ou mènent les émeutes à Hong Kong”, et réitérant son soutien au gouvernement de la RAS et à sa police. L’agence, qui dépend directement du Comité central du Parti communiste chinois, ajoute : “Nul ne doit nuire à la souveraineté et à la sécurité nationales. Nul ne doit remettre en cause le pouvoir des autorités centrales et l’autorité de la Loi fondamentale [mini-constitution] de la RAS. Nul ne doit utiliser Hong Kong comme base pour aller infiltrer le continent et y mener un travail de sape.”

Insultes et caricatures contre les “traîtres à Hong Kong” 

Les sites d’information de la presse continentale multiplient les pages dénonçant les “traîtres à Hong Kong”, jetant à la vindicte populaire l’ancienne secrétaire en chef de l’administration Anson Chan. “Dans la rue de Hong Kong, la population traite Anson Chan de traître et de chien courant”, écrit le site Sina.com, employant là une vieille insulte politique chinoise faisant référence aux Chinois proches des autorités coloniales.

L’ancien représentant démocrate au Legco (Conseil législatif) Martin Lee est de son côté accusé d’être “à la solde des Occidentaux” dans un article de l’agence Xinhua illustré de caricatures présentant ces vieilles personnalités de Hong Kong sous un jour ignominieux, en train de jeter de l’argent dans le feu de la contestation ou de prendre des poses hypocrites.

Agnès Gaudu