Le 1er novembre, on apprenait que Google allait racheter Fitbit, un des pionniers des objets connectés spécialisé dans le fitness, pour 2,1 milliards de dollars. Et des voix s’élevaient pour évoquer la question des données des utilisateurs de ces montres et bracelets qui enregistrent par exemple le rythme cardiaque de ceux qui les portent, une fois la marque reprise par le géant de la Silicon Valley. Le représentant démocrate David Cicilline s’inquiétait notamment que ce rachat donne accès à Google “aux informations les plus sensibles des citoyens américains”.

L’information que vient de révéler le Wall Street Journal devrait alarmer encore plus la population américaine. Sous prétexte de développer un nouveau logiciel pour Ascension, une organisation catholique basée à St-Louis et rassemblant quelque 2 600 hôpitaux, cabinets médicaux et autres structures de soins aux États-Unis, Google a collecté les données personnelles de plusieurs millions de patients. Le projet, baptisé du doux nom de “Rossignol” (Nightingale), a été lancé secrètement l’année passée, rapporte le journal des affaires américain. Le transfert des données personnelles se serait accéléré cet été.

Ni les patients ni les médecins n’ont été informés.

Seraient collectés, en plus du nom du patient et de sa date de naissance, les résultats d’analyses de laboratoire, les diagnostics des médecins, les comptes rendus d’hospitalisations, entre autres, l’idée étant de dresser un tableau complet du dossier médical des individus.

Ni les patients ni les médecins n’ont été informés de la procédure en cours, indique le Wall Street Journal. Ce à quoi les responsables du projet répondent que ce dernier est conforme à la réglementation.

Google a détaché des dizaines d’ingénieurs au projet Nightingale sans facturer le travail à Ascension, précise le journal, car le géant du numérique compte vendre par la suite les outils qu’il aura développés à d’autres organismes de santé. Son idée : créer une structure où seraient agrégées les données jusque-là dispersées des patients et qu’il serait ensuite facile d’utiliser.

Le secteur de la santé attire aussi Amazon, Apple et Microsoft.

Selon les informations du Wall Street Journal, des employés d’Alphabet, la maison mère de Google, ont accès aux données collectées auprès d’Ascension, notamment certains salariés de Google Brain, un département spécialisé dans la recherche scientifique.

Google n’est pas le seul géant du numérique américain à s’intéresser au secteur de la santé. Amazon, Apple et Microsoft lorgnent aussi de ce côté. Mais aucun d’entre eux n’a, pour l’heure, conclu de contrat aussi important que celui de Google avec Ascension.